Question :Stéphane Blanchon, tout d’abord quels enseignements tirez-vous du résultat de la dernière élection présidentielle ?
Stéphane Blanchon : Les Françaises et les Français ont fait leur choix et ont désigné Emmanuel Macron pour se succéder à lui-même à la Présidence de la République française.
C’est la démocratie, et je respecte profondément le résultat de ce scrutin. Je ne peux cependant complètement me montrer satisfait du climat délétère, haineux et parfois diffamatoire qui a rythmé cette campagne présidentielle, et dont a notamment pâti Eric ZEMMOUR que j’ai parrainé et que je soutenais. J’ai pour ma part une autre vision de la démocratie : celle de la confrontations des idées et du débat.
Cela étant dit, je ne vous cacherai pas que je suis assez inquiet de la tournure que pourraient prendre les événements si une majorité parlementaire de gauche, conduite par la France Insoumise et Jean-Luc MELENCHON venait coiffer cette élection.
Les caisses de l’Etat sont vides. La France distribue et consomme mais ne produit plus. Savez-vous que nous sommes désormais classés, en termes de richesses, au 12ème rang sur les 15 pays de l’Europe, juste devant la Grèce, le Portugal et l’Espagne ?
Et pourtant, de grandes réformes restent à faire : dans le domaine des retraites, sans toucher, j’y tiens, aux acquis ; dans le domaine de la sécurité intérieure et extérieure alors que notre pays est rongé par la misère sociale et les tensions communautaires, alors que dans la crise internationale déclenchée par le COVID puis par la Guerre en Ukraine, la France a non seulement été marginalisée sur le plan diplomatique mais ridiculisée sur le plan militaire ; dans le domaine de l’emploi, alors que malgré quelques embellies conjoncturelles notre taux de chômage résiduel est encore trop haut.
Devant un tel bilan, oui je crains beaucoup pour notre avenir et celui de nos enfants qu’une nouvelle période de cinq année de gestion macronienne achève de nous mettre au fond du trou !
Question : Quels sont les grands chantiers, locaux ou nationaux, sur lesquels vous entendez intervenir dans la prochaine Assemblée ?
S.B. : Tout d’abord, permettez-moi de vous dire que je fais rarement la distinction entre les problèmes locaux et les problèmes nationaux. Tout cela me semble extrêmement lié. J’ai toujours conçu le mandat de parlementaire comme un mandat nécessitant une forte implication locale, un enracinement obligé. On ne peut pas mesurer les conséquences d’une loi ou d’une mesure gouvernementale sur notre vie si l’on ne reste pas proche de ses électeurs. L’Isère constitue l’essentiel de mes préoccupations. Je ne suis pas de ceux qui découvrent les dossiers à l’occasion d’une campagne électorale.
Pour répondre plus directement à votre question, je pense que les Françaises et les Français attendent désormais des réponses claires à un certain nombre de grands problèmes de société qui engagent notre avenir.
Question : Par exemple ?
S.B. : La sécurité et la justice bien entendu, mais aussi la santé avec par exemple l’avenir de notre médecine, de nos retraites, de notre sécurité sociale.
Enfin, et c’est un sujet qui concerne directement les habitants de la 10ème circonscription de l’Isère, je refuse de voir le monde rural disparaître, soit par la casse de son agriculture et de son tissu économique, soit par sa transformation en villages dortoirs pour les zones urbaines. Dans l’Europe qui se dessine, la France a encore la chance de pouvoir compter sur un monde rural vivant et dynamique. Il faut le préserver et le développer, pour le bien et la qualité de vie de tous.
Nous formons tous une même communauté nationale. Nous ne pouvons vivre en bonne harmonie que si nous adhérons tous à des valeurs communes. Parents, professeurs, éducateurs ont un rôle important à jouer. Il est urgent de réapprendre le sens de l’autorité, le respect des règles de la vie en société et la fierté d’appartenir à une même nation.
Découragés par le manque de moyens et de reconnaissance, gendarmes et policiers manifestent de plus en plus leur profond désarroi, leur grande colère.
Donner à la police et à la gendarmerie des moyens supplémentaires est un impératif. Mais le respect de l’uniforme sera toujours plus efficace que le plus performant des gilets pare-balles.
Question : Comment jugez-vous la situation de la dixième circonscription de la l’Isère ?
S.B. : Dans un contexte national et européen fragile, notre situation est contrastée. Je n’entrerai pas dans les détails, mais je souhaite vous dire ma vision d’ensemble pour notre département :
Nous sommes ici en terre rurale et on a souvent prétendu que la modernité nous condamnait. Je crois intimement que ce raisonnement est faux. Les moyens modernes, comme par exemple les technologies de l’information et de la communication, sont au contraire une chance pour notre département et cette dixième circonscription. Aujourd’hui les distances comptent moins qu’avant et je connais de nombreux chefs d’entreprises tentés par l’investissement en milieu rural, pour la compétence de ses habitants autant que pour la qualité de vie qui y règne. J’ai pour ma part toujours été un fervent partisan de la formule « vivre et travailler au pays ». Ne pas déraciner les individus, éviter de les parquer dans les cités des villes, c’est aussi un moyen de lutter contre le développement de la violence.
Question : Que signifie l’union des droites ?
S.B. : Je crois que les Françaises et les Français veulent clairement une autre vision politique pour la France. Une vision faite d’autorité, de libertés, d’identité et de partage.
L’autorité parce qu’il est plus que temps d’en finir avec l’insécurité qui gangrène notre société, avec certaines inconséquences de notre système judiciaire et avec l’irresponsabilité de certains parents. L’Etat doit retrouver son rôle, tout son rôle et rien que son rôle.
Les libertés parce que les Français en ont assez d’être administrés alors qu’ils attendent d’être gouvernés. Nous souffrons trop d’un carcan de décrets et de circulaires rédigés par quelques énarques dans l’ombre des cabinets ministériels. Les Français sont des adultes ! Il faut que l’Etat leur laisse enfin la liberté de travailler et la liberté d’entreprendre.
L’identité parce que nous ne sommes pas nés sur le bord d’un chemin et que la France n’est pas le fruit d’un accident de l’histoire. Notre pays est le fruit d’une longue construction politique, historique et humaine. Nous, ses habitants, nous sommes enracinés dans un patrimoine incomparable qui nous structure et nous donne un cap.
Le partage parce que notre pays a derrière lui une longue tradition sociale. Une France à visage humain est un pays qui ne se désintéresse pas des siens, qui sait se montrer fier de son système de soins, qui sait encourager ses professionnels de la santé, qui sait réformer les retraites sans revenir sur les acquis des salariés.